mercredi 3 août 2011

Un été plein de surprises dans le monde de la faïence de Quimper !

De part et d'autre d'un mouleur de chez Henriot Quimper, Jean-Pierre Le Goff et Jean-Yves Verlingue - cliché Le Télégramme

Le monde de la faïence de Quimper bruissait de rumeurs depuis des semaines et Jean-Pierre Le Goff multipliait les déclarations en ce sens... C'est désormais officiel : encore une grande nouvelle dans le petit monde de la faïence de Quimper. Après la reprise d'HB-Henriot par Jean-Pierre Le Goff, puis l'évolution de la marque devenue Henriot Quimper, voici un nouvel épisode estival : Henriot Quimper rachète la Faïencerie d'Art Breton...
Récit dans la presse du jour (Le Télégramme puis Ouest-France) :

Faïence. «Une journée extraordinaire»

Après la reprise en juillet d'HB-Henriot devant le tribunal de commerce de Quimper, Jean-Pierre Le Goff a annoncé hier, le rachat de la Faïencerie d'art breton (FAB). Annonce faite en présence de Jean-Yves Verlingue.

«Une journée extraordinaire». Jean-Yves Verlingue n'ose pas évoquer le terme d'historique. Et pourtant! Qui aurait pu imaginer en début d'année la réunion des deux frères ennemis ? En février, la faïencerie emblématique de Quimper, HB-Henriot, 50 salariés, est placée en redressement judiciaire. Sa survie est en jeu. Sur décision du tribunal de commerce de Quimper le 7 juillet, elle est reprise par Jean-Pierre Le Goff, un Nantais, qui met pour la première fois les mains dans la pâte à biscuit. HB-Henriot, rebaptisée la semaine dernière Henriot Quimper repart avec 26 salariés. De son côté la FAB vivote. Née en 1994, cette faïencerie «n'aurait jamais dû exister», a estimé hier Jean-Yves Verlingue. La FAB a en effet vu le jour pour concurrencer la «grande maison».

Des grands noms de la faïencerie

Elle a été créée à l'initiative des grands noms de la faïencerie quimpéroise, les familles Verlingue, Henriot, et Breton, commerçants ayant pignon sur rue. Un Henriot, Pierre, la dirige. Et c'est Jean-Yves Verlingue qui a été chargé des discussions. C'est son père qui avait repris HB à «Monsieur de la Hubaudière», société qu'il quittera en 1932. Jean-Yves Verlignue y fait son retour en 1958 en devenant actionnaire majoritaire. En 1968, c'est aussi Jean-Yves Verlingue qui fusionne HB avec Henriot alors en difficulté. Jusqu'au dépôt de bilan en 1983 des «Faïenceries de Quimper». Elles seront alors rachetées par l'Américain Paul Janssens, puis par Pierre Chiron en 2003. Jusqu'à la nouvelle impasse du début d'année. Dès la reprise d'HB-Henriot le mois dernier, Jean-Pierre Le Goff l'affiche, il veut un rapprochement avec la FAB et souhaite même la racheter. «Il n'y a pas la place pour la petite activité de la faïence à Quimper pour deux entreprises», clame le néo faïencier. Les discussions avaient été engagées dès le 6 juin, jour de la réouverture du musée de la faïence, a-t-on appris hier, lors de l'annonce officielle du rachat de la FAB par Jean-Pierre Le Goff, en présence, plus que symbolique, de Jean-Yves Verlingue. La signature est intervenue vendredi soir dernier mais avait été maintenue secrète.

«Je rachète l'histoire»

Ce n'est en effet qu'hier en fin de matinée que les salariés de la FAB ont été réunis et informés par le nouveau propriétaire. Puis dans la foulée ceux d'Henriot-Quimper. «Contrairement aux avis financiers de mes conseils, je n'ai pas fait le choix stratégique de couler la FAB, ce n'est pas une entreprise que j'aurai normalement achetée», a commenté Jean-Pierre Le Goff. «Ce rachat, c'est l'élimination d'une concurrence stérile. Je rachète l'histoire, je m'approprie un peu de la vie de Jean-Yves Verlingue. On a résolu un problème quimpérois, aujourd'hui j'ai payé pour ça», a-t-il précisé. Le montant de cette paix commerciale, industrielle comme psychologique n'a, lui, pas été communiqué. «J'ai vu six repreneurs potentiels. Jean-Pierre Le Goff, lui, a eu tout de suite un discours cohérent. Avec Pierre Henriot, on est arrivé à dire que ce n'était pas possible qu'il y ait deux faïenceries à Quimper. C'est extraordinaire qu'on ait eu cet accord», a jubilé Jean-Yves Verlingue.


Jacky Hamard - Le Télégramme

Dans le journal Ouest-France :

Les 30 jours qui ont changé la faïence quimpéroise

Jean-Pierre Le Goff et Jean-Yves Verlingue - Cliché Ouest-France

En l'espace d'un mois, la faïence quimpéroise a vécu une révolution. Après les années déprime, c'est peut-être l'annonce d'une renaissance...

« C'est un jour historique pour la faïence de Quimper. » Jean-Yves Verlingue, ancien propriétaire d'HB Henriot, actionnaire historique de la Faïencerie d'art breton depuis 1994, ne cache pas sa joie, mardi dans les locaux d'Henriot, dans le quartier de Locmaria. « C'est la première fois que vous revenez ici ? » interroge Jean-Pierre Le Goff, désormais propriétaire des lieux. « Je venais lors des visites guidées. Mais comme cela, oui, c'est la première fois... » Aucune amertume chez l'octogénaire. Lui qui a connu les heures noires, quand l'entreprise a déposé le bilan en 1983, revient cette fois pour sceller devant la presse ce qui paraissait impensable il y a un an encore.
« Il faut stabiliser ! »
En rachetant la Faïencerie d'art breton, la vente a été signée vendredi, Jean-Pierre Le Goff témoigne de sa volonté à sauver le Quimper. HB Henriot lui a coûté 250 000 €. La somme déboursée pour acquérir la Faïencerie d'art breton est nettement supérieure. Il est vrai que la Fab ne se trouvait pas en redressement judiciaire. Cette acquisition témoigne que Jean-Pierre Le Goff a pensé sa stratégie avant de se lancer dans l'aventure.
« Deux faïenceries concurrentes, ce n'était pas possible ! » lance le nouveau patron d'Henriot. Un secteur en crise, deux entreprises fragilisées, pour l'homme d'affaires, il faut clarifier la situation. La reprise d'Henriot, suivie du rachat de la Fab constitue le premier acte de cette stratégie menée en moins d'un mois.
Mais cela ne va pas suffire. Jean-Pierre Le Goff a réparti les rôles. Haut de gamme et peint-main pour Henriot. Chromo et produits dérivés pour la Fab. Mais où et comment ? « Pour le moment, la Fab et son personnel restent sur la zone de Kerdroniou », explique Jean-Pierre Le Goff. Plus tard ? « Je cherche un acheteur pour le bâtiment de la Fab. Mon objectif est clair : faire de Locmaria la vitrine de la faïence quimpéroise. Je ne vais garder que 5 000 m2 de l'énorme superficie actuelle (15 000 m2). Le loyer annuel est de 196 000 €. Il faut faire baisser les coûts de production. » Plus tard, l'homme d'affaires est prêt à acheter cet espace. Il sait que la ville a des projets pour l'autre partie des bâtiments.
Jean-Pierre Le Goff ne manque pas d'idées. Ni de conseils. Mais il garde son sang-froid. « Pour le moment, il faut stabiliser. Je ferai un bilan complet fin septembre. Je finaliserai mes décisions à ce moment. » Côté export, les pays émergents deviennent sa priorité. Les artistes seront priés d'apporter leur créativité pour que le luxe Henriot trouve acheteurs... Finies les braderies aussi...
Dans son bureau provisoire, Jean-Pierre Le Goff prend visiblement du plaisir. « J'ai plusieurs entreprises. Je viens de racheter Sibiril. Mais Henriot, j'ai envie de m'en imprégner. Je me rends compte que c'est passionnant. Une marque tricentenaire ne pouvait pas disparaître. Le potentiel est resté important. Mais après le temps de la compassion dont nous avons bénéficié auprès du public, il va falloir passer à autre chose... » Mariage de passion et de raison, c'est sans doute ce qu'il fallait à la faïence quimpéroise. Qui, désormais, parlera d'une seule voix. En un mois, beaucoup de choses ont changé...

Jean-Pierre LE CARROU - Ouest-France

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