Le journal "Le Télégramme" revient aujourd'hui, à travers un joli portrait, sur l'histoire de Pierre Toulhoat et de la marque aujourd'hui portée par ses enfants Yves et Marie :
Yves et Marie Toulhoat - cliché Le Télégramme |
Toulhoat. Des bijoux intemporels
La renommée des bijoux Toulhoat dépasse de loin les frontières de la Bretagne. Intemporelles, les créations du Quimpérois se moquent des cycles de la mode celtique. Et avec l'arrivée d'Yves, le fils du fondateur, secondé par sa soeur Marie (tous deux ci-contre), l'entreprise traverse la crise économique sans dommages et retrouve une seconde jeunesse.
Pierre Toulhoat se fait plus discret aujourd'hui. Dans son fauteuil, au milieu de ses souvenirs, des peintures et des céramiques de ses amis, il ménage ses jambes. Mais rien n'est parvenu à calmer ses mains toujours en quête d'activité, ni à ralentir son activité cérébrale. À 87 ans, l'artiste a tout juste ralenti sa production. L'homme aux multiples talents - créateur de tissus pour Le Minor, de somptueux vitraux et de bas-reliefs en céramique - continue encore à créer quelques prototypes de bijoux. Des envolées de mouettes et des sirènes échevelées, qui sont aussitôt mises en fabrication dans l'atelier, au fond du jardin.
Au premier coup d’œil
Des bijoux originaux que l'on reconnaît au premier coup d'oeil. La patte Toulhoat? «Il a une façon très personnelle d'occuper l'espace, une grande efficacité, un vrai sens de la composition et une grande érudition», expliquent Yves et Marie, la nouvelle génération aux commandes de l'entreprise familiale. Ses sources d'inspiration sont souvent bretonnes. «Il a repris et transposé des motifs du répertoire traditionnel de l'art breton. Des oiseaux sculptés sur les vieilles armoires, des coeurs et fleurons figurant sur les boucles de ceinture du costume des Cornouaillais, etc. Toute notre enfance, nous avons visité des musées dont je sortais épuisé tant on y restait longtemps», se souvient, amusé, Yves Toulhoat. Pierre Toulhoat est aussi un insatiable curieux. Sans cesse, il épluche des piles de livres sur les arts traditionnels du monde entier. Enfin, «bricoleur de génie», il est toujours à la recherche de nouvelles techniques et s'intéresse de près aux bronzes du Bénin. D'où la présence, à côté des triskells et entrelacs celtiques, d'étonnants pendentifs, broches, bagues, boucles d'oreilles et bracelets. Des pièces qui surprennent par leur originalité, leurs lignes brutes et féminines, sobres et inimitables. Pas étonnant que les pièces de Pierre Toulhoat aient séduit les Japonais. «Là-bas, on présente nos broches agrafées sur l'épaule d'un costume masculin».
Yves aux commandes, Marie le seconde
L'an dernier, Yvonne est décédée. C'est elle qui a longtemps commercialisé les créations de son mari. C'est elle aussi qui lui donnait la température du marché. Yves, 52 ans, a racheté les parts de ses frères et sœurs pour assurer la pérennité de l'entreprise. Marie, 44 ans, le seconde. Les bijoux Toulhoat resteront dans la famille. «Et ils seront fabriqués en Bretagne contre vents et marées», assure Yves Toulhoat. Ingénieur agricole de formation, puis banquier, le quinquagénaire s'est longuement interrogé avant de reprendre les rênes de l'entreprise. Désormais, il sillonne la France et s'envole au-delà des mers, avec ses marmottes (valises de démonstration). Aux clients fidèles, Yves Toulhoat propose pas moins de mille références de bijoux. Bien sûr, la concurrence est vive. En Thaïlande, les bijoux sont fabriqués à des prix défiant toute concurrence. Mais les bijoux Toulhoat ont une âme et une histoire. On les achète sur un coup de coeur, pas sur un coup de tête. Et on les conserve. Reste la crise financière qui a réduit le champ des possibles depuis 2008. «J'étais à Chicago, à un salon, quand Lehman Brothers a fait faillite, on a senti tout de suite la différence», se rappelle Yves Toulhoat. Depuis, le prix de l'or et de l'argent a flambé mais la société quimpéroise a su tenir la tête hors de l'eau. «Nous sommes très réactifs pour répondre aux commandes. Nos bijoux se vendent de mieux en mieux sur internet». Et tandis que son frère travaille à l'avenir commercial de la société, Marie Toulhoat, artiste céramiste, commence à fabriquer à son tour quelques pièces pour le catalogue. Bon sang ne saurait mentir.
Flore Limantour - Le Télégramme
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