vendredi 5 novembre 2010

Quand Paul Bloas s'intéresse à la céramique de Quimper...

Belle surprise que de voir Paul Bloas s'intéresser de nouveau à la céramique de Quimper. On sait que l'artiste avait exécuté quelques céramiques chez HB-Henriot en 2005. Actuellement, Paul Bloas mène un travail de plus grande envergure dans l'atelier réservé aux artistes au Musée de la Faïence de Quimper. Le journal "Le Télégramme" d'hier s'en faisait l'écho :

Paul Bloas dans l'atelier du Musée de la Faïence

Faïence. Paul Bloas s'essaie à l'art durable


Chantre de l'art éphémère, le peintre brestois Paul Bloas a élu domicile, quinze jours durant, au Musée de la faïence de Quimper, pour fixer ses colosses sur des carreaux de faïence inaltérables. Un virage - temporaire - à 180º!
Des esquisses de géants, à l'échelle 1/20e environ, sont sagement alignées sur des tables, aussi immobiles que les 3.500 faïences rares qui dorment dans la pièce d'à côté. A priori, rien n'a bougé au Musée de la faïence, fermé depuis 2006. En apparence seulement, car un hôte atypique occupe l'atelier du deuxième étage depuis une quinzaine de jours: Paul Bloas, peintre de l'éphémère, celui-là même qui colle ses colosses de papier dans les friches industrielles du monde entier depuis 26 ans, s'est entiché de la faïence. «C'est un matériau assez sympa. Je me suis pris au jeu. Tu peux rajouter de la matière, en retirer... C'est assez ludique et en même temps, c'est un médium qui réclame beaucoup d'efficacité», s'enthousiasme le Brestois.  
«Envie de pérenniser mes personnages»  
Invité par Bernard Verlingue, maître des lieux, il achève les prototypes d'un ambitieux projet, dont les racines remontent à 2004. Cette année-là, Paul Bloas façonne une œuvre en faïence pour Christophe Miossec, vainqueur du Grand prix du disque Le Télégramme pour son album «1964». «Pour moi, à l'origine, il y avait un constat: la Bretagne avait deux icônes, HB Henriot et le pâté Hénaff. Quand on m'a demandé de réaliser ce trophée, J'ai travaillé sur des formes d'Henriot que j'ai déformées». Il en a fait une série, qu'il s'imaginait peut-être sans lendemains. Et puis, récemment, sa candidature n'a pas été retenue par la ville de Brest, dans le cadre du 1% culturel généré par le chantier du tramway. «J'avais l'idée de réaliser la chaussée des géants, une espèce de jeu de piste sur Brest». Éconduit, il s'est alors souvenu de son escapade cornouaillaise. «J'avais envie de pérenniser mes grands personnages. Le meilleur moyen, c'était de les passer par la faïence. Quand le résultat ne te satisfait pas, tu peux recuire et ça a le mérite d'être anti-tags», poursuit-il, déplaçant l'un des deux premiers prototypes dessinés sur des blocs de 40cm sur 20. «Ça fait un peu bizarre de travailler en petit... Pour l'instant, je suis dans l'expérimentation. À l'arrivée, ça s'étalera sur des dalles de béton de 3,80m, sur lesquelles seront collées les faïences. Il y aura deux personnages par dalle, l'un recto et l'autre verso. Tout sera fait ici», dit-il.
 «Les couleurs sont figées dans le temps» 

 Il ne sait encore où il installera ses gigantesques anonymes. Il aimerait bien les mettre dans des endroits un peu oubliés, à Brest qui sait. Ou à Madagascar, son île natale. «Il faudra travailler avec les politiques, les urbanistes...», projette-il. Une chose est sûre, la faïence a gagné un défenseur. «C'est un matériau un peu délaissé par les arts plastiques, un truc que tu ne vois pas dans les foires d'art contemporain. Ce qui est intéressant, c'est cet aspect mat et le fait que les couleurs sont figées dans le temps... Et c'est robuste», ajoute-il, regardant très au loin vers Brest, où l'immense lamaneur qui orne le bâtiment du Grand Large, sur le port de commerce, commence, lui, à accuser les outrages du temps. 

                            Thierry Charpentier

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