Rivière naît à Paris le 11 mars 1864, rue Montmartre. Il
apprend auprès d’Emile Bin, avec lequel il partagera son premier atelier.
Signac l’introduit au Chat noir. Il devient secrétaire de rédaction du journal
homonyme. Ainsi, il côtoie Caran d’Ache, Steinlein ou encore Eugène Grasset. A
partir de 1886, il dirige le Théâtre d’ombres du Chat noir. Des correspondances
existent entre cette activité et son travail de graveur : la sensibilité
aux effets atmosphériques, les variations de la lumière du jour et des astres…
Henri Rivière - Le Coucher du soleil - série Les aspects de la nature - H.53 cm ; L. 82 cm Œuvre vendue |
Rivière découvre la Bretagne lors de vacances passées à St
Briac avec son frère cadet, sur le conseil de Signac. A partir de 1885, il
revient chaque année en Bretagne (St Briac, St Cast, Loguivy-de-la-Mer,
Tréboul, Camaret, Morgat…). Il fait partie des rares artistes de l’époque à ne
pas céder au pittoresque humain. L’humain est un seulement un élément de ses
paysages.
Après 1894, Rivière adopte la lithographie comme technique
de prédilection (dimensions possibles, couleurs, capacité de tirages importants…).
Dès les débuts, il cible un cercle beaucoup plus large que celui, étroit, des
collectionneurs.
Henri Rivière - Le premier quartier - série La féérie des heures - H. 60 cm ; L. 24 cm. Œuvre vendue |
Six séries d’ « estampes murales » ou
« estampes décoratives » se succèdent, imprimées chez Verneau. Les Aspects de la nature, édités à mille
exemplaires, compte 14 planches produites entre 1897 et 1899, complétées en
1908 par 4 nouvelles compositions. Entre 1901 et 1902, il produit la série de
16 lithographies de la Féérie des heures.
Henri Rivière - La falaise - série Les aspects de la nature - H.53 cm ; L. 82 cm |
Collectionneur d’art japonais, Rivière utilise très
largement de nombreux traits de l’art des estampes nippones. C’est
essentiellement chez Hokusai (1760-1849) et Hiroshige (1797-1858) qu’il puise
son inspiration. Tout comme les maîtres japonais, Rivière travaille par séries.
L’un de ses premiers empreints à cet art est à retrouver dans le synthétisme,
la simplification de formes cernées d’un trait et juxtaposées sans modelé. La
composition coupée par le cadre, tout comme les vues « à vol
d’oiseau », sont également des caractéristiques notables.
Henri Rivière - L'arc-en-ciel - série La féérie des heures - H. 24 cm ; L. 60 cm. Œuvre vendue |
Au-delà de techniques,
de choix de composition et d’un vocabulaire graphique, le sentiment de la
nature qu’exalte l’œuvre tout entier de Rivière rejoint le lyrisme serein du
paysage oriental. [Philippe Le Stum, La
Bretagne de Henri Rivière, Bibliothèque de l’image, 2009].
Henri Rivière - La Plage - série Les aspects de la nature - H.53 cm ; L. 82 cm Œuvre vendue |
Extrêmement bien réalisé, à la maquette esthétiquement
plaisante, l’ouvrage-catalogue proposé par le Musée départemental breton à
l’occasion de son exposition, dispose d’une riche iconographie. Le plan de
l’ouvrage développe tout d’abord la partie japonaise de l’exposition :
Hokusai et Hiroshige, mis en perspective dans un texte de Christophe Marquet
sur « L’estampe paysagère dans la première moitié du XIXe siècle ».
Une seconde partie intègre Henri Rivière, riche d’un texte de Philippe Le Stum,
mais aussi d’une intéressante étude de « Henri Rivière, collectionneur
d’estampes japonaises » due à Valérie Sueur-Hermel. A noter, cette
collection, riche de 749 estampes (principalement d’Hokusai et Hiroshige), est
maintenant conservée au Département des estampes de la BNF.
Henri Rivière - L'orage qui monte - série La féérie des heures - H. 60 cm ; L. 24 cm |
Par ailleurs l'exposition en elle-même est un grand bonheur pour les amateurs de ces artistes. Sobrement ponctuée d'haïku, elle s'organise d'une manière thématique plus que plaisante. A voir impérativement en passant par Quimper cet été.
« Hokusai, Hiroshige, Rivière / L’amour de la
nature », éditions Locus-Solus, 144 pages, 22 €.
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