samedi 21 mars 2009

La fin d'une aventure ?


Jeudi dernier, le journal Ouest-France publiait l'article suivant.
On y apprend notamment mon licenciement économique...



Qui réveillera le Musée de la Faïence ?

Bernard Verlingue, son conservateur, est contraint de renoncer à l'ouverture pour la 3e saison consécutive. C'est préjudiciable pour l'image de la ville.

« Le musée de la Faïence est fermé. Museum is closed. » La feuille de papier collée sur le mur du musée, rue Jean-Baptiste-Bousquet, apporte le minimum d'information aux visiteurs qui partent à la découverte de la faïence de Quimper. Ils ne savent pas que le musée de la Faïence est fermé depuis le printemps 2007. Que les vénérables murs de l'ancienne faïencerie Porquier, en plein quartier de Locmaria, à cinq mètres de la faïencerie HB Henriot, abritent une superbe collection de faïences. Que l'ouverture au public, jusqu'ici « suspendue », sera désormais (sauf miracle) définitive. Bernard Verlingue, conservateur du musée, annonce en effet que le musée restera fermé pour la 3e saison consécutive. Il se résout aussi à ne plus accueillir de visites.

10 000 visiteurs par an

Comment en est-on arrivé là ? Le musée de la Faïence est né en 1991. Mais l'histoire a débuté bien avant. « Au début du XXe siècle Quimper comptait trois grandes faïenceries : H.-B., Henriot, Porquier » rappelle Bernard Verlingue. Henriot rachète Porquier en 1913. H-B rachète Henriot en 1968. Chaque entreprise a conservé ses modèles d'atelier « Une pièce témoin. » C'est ainsi que Jean-Yves Verlingue, PDG de HB Henriot, se retrouve dépositaire d'un petit trésor du patrimoine. « En 1984, quand l'entreprise a été vendue à Paul Janssens, les collections ont été confiées à mon père. Il en restait le propriétaire. » En 1989, la collection est récupérée. « Pour le tricentenaire de la faïence, sur les 900 pièces exposées au musée des Beaux-Arts, plus de la moitié venait de cette collection privée. »

L'idée de créer un musée s'impose comme une évidence. « On ne pouvait pas laisser ces pièces dans des caisses. Il fallait les montrer ! » Les bâtiments de l'ancienne faïencerie Porquier leur serviront d'écrin. Une société familiale est créée. Des partenaires privés soutiennent le projet. En juin 1991, le musée ouvre ses portes. « En moyenne, le musée voyait passer 10 000 visiteurs entre avril et septembre. »

En 2006, l'équilibre financier est remis en cause. « Quatre sponsors sur cinq ont décidé de se retirer. » Ne reste que Verlingue, courtier en assurance, une société présidée par Jacques Verlingue, frère de Bernard. « Depuis, il nous a permis de continuer. Mais il n'est plus possible d'ouvrir au public, cela occasionnerait des frais supplémentaires. » Selon Bernard Verlingue, il manquerait 150 000 € par an pour financer cette ouverture.

Depuis 2006, Bernard Verlingue a alerté les collectivités (Ville, Département), cherchant à nouer des partenariats. Des tables rondes ont été organisées. « L'ancienne directrice des musées de France a reconnu l'importance de cette collection. Pierre Maille, président du conseil général, a assuré qu'il était prêt à soutenir le musée. Mais il fallait que la ville de Quimper soit chef de file de l'opération. » Mais ces réunions n'ont pas permis de sortir de l'impasse.

« Constat d'échec »

Alain Gérard, précédent maire, n'a pas fait avancer le dossier. Il semble bien que Bernard Poignant, son successeur, ne se montre pas très enthousiaste (lire par ailleurs). « Lors de la dernière table ronde, on se dirigeait vers un rattachement du musée au Musée départemental breton, l'hypothèse qui semblait la plus intéressant pour la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). »

Aujourd'hui, rien ne s'est concrétisé. Bernard Verlingue doit licencier Philippe Théallet, très proche collaborateur avec qui il a coécrit l'encyclopédie des céramiques de Quimper. Bernard Verlingue va poursuivre son travail d'expert, organiser le prêt des pièces pour d'autres expositions. Mais un musée fermé, ce n'est plus un musée. « Pendant seize ans, nous avons rempli une mission de service public sans que cela coûte un euro à la collectivité. C'est un crève-coeur, un constat d'échec », lâche le conservateur.


« Pas un deuxième musée sur le dos ! »

Interrogé sur le devenir du musée de la Faïence, et l'éventuel soutien financier de la ville, Bernard Poignant n'a pas fait mystère de ses réserves. "La Ville ne se mettra pas un deuxième musée sur le dos", a déclaré le maire. Il a évoqué un éventuel transfert. "Que des pièces rejoignent le musée départemental breton, c'est très bien", mais le problème "c'est que les propriétaires veulent rester propriétaires".

Réponse de Bernard Verlingue, "le Musée départemental est un musée généraliste. Il consacre deux salles à la faïence quand nous en consacrons huit. Notre collection compte plus de 3000 pièces, contre un millier pour le musée départemental. Il y a donc un problème de place. De plus, un conventionnement avec le musée est rendu possible par la loi. Nous pouvons confier les faïences, pour une durée à déterminer (10, 20, 30 ans) au Musée départemental". Dans ce cas, le musée de la Faïence deviendrait une sorte d'annexe du Musée départemental. Avec, pourquoi pas, un billet d'entrée commun.

Jean-Pierre LE CARROU.
Ouest-France

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