Il ne se passe pas un seul mois sans que l'on m'interroge sur les grès d'art "Odetta". Voici l'occasion de préciser, brièvement, ce que sont ces grès !
Après la Première Guerre mondiale, Jules Verlingue prend formellement la direction de la manufacture HB à Quimper. Jules Verlingue, lorsqu'il dirigeait la Faïencerie de la Madeleine à Boulogne-sur-Mer, avait eu l'occasion de produire des grès d'art de grand feu.
Arrivé à Quimper, Jules Verlingue apporte une modernisation de l'outil de production et de nouvelles techniques (notamment le coulage). Il s'entoure pour ceci d'un personnel qualifié issu de Limoges ou de l’École de Sèvres et de nouvelles gammes sont expérimentées.
Parmi celles-ci, des essais de décors sur faïence, mais aussi des essais allant dans le sens de la nature même de la terre de Toulven (anse de l'Odet) qui, avant tout, est une terre à grès.
Le 12 mai 1922, la marque Odetta est déposée. De nouvelles formes, parfois complexes, sont élaborées, l'appel aux artistes sert ce renouvellement créatif et... un nouveau type de décoration est mis en place. Les contours des décors sont tracés au pinceau à l'oxyde de manganèse. Ainsi, des réserves sont formées... celles-ci seront remplies par des émaux posés à la goutte.
La qualité des grès Odetta se juge, notamment, au maintien des émaux dans ces réserves de manganèse... autant dire que les coulures n'étaient pas recherchées par la manufacture.
Si le dépôt de la marque est fait en 1922, la fabrication des grès Odetta commence réellement le 29 mars 1926.
La grande époque de création et de production des grès Odetta s'échelonne donc entre 1926 et les débuts de la seconde guerre mondiale. Si la production reprend après la guerre, notamment pour le marché américain, force est de constater que l'adéquation entre ce style art déco et l'époque n'est plus là... Grand spécialiste de ces grès, Jacques Glérant, un collectionneur malheureusement disparu, datait plus précisément la période de création (non pas d'édition) des grès Odetta de 1926 à 1932 ! Force est de reconnaître qu'en 1932, les manufactures quimpéroises sont pleinement touchées par la crise et que la production Odetta est fort couteuse.
De nombreux artistes de l'époque ont créé pour cette gamme : René Beauclair, Georges Brisson, Paul Fouillen, Louis Garin, Georges Renaud... Mais, bien souvent, les décors ne sont pas associés, malgré leur complexité et leur réussite, à un nom d'artiste créateur et, de fait, le nom du créateur n'apparaît pas toujours sous la pièce...
Mais... comment reconnaître des grès Odetta ? Idéalement, au dos ou dessous figure le nom de la manufacture, le lieu de création et le nom de la "marque", c'est à dire "HB Quimper Odetta". Idéalement toujours, s'ajoutent deux séries de nombres, le premier de ces nombres est une référence à la forme, la seconde, au décor.
Jusque là, tout semble clair, mais l'époque n'était pas aux normes rigoureuses... Nombreux sont les grès Odetta pour lesquels manque l'un des deux nombres, pour d'autres, le peintre, étourdi, s'est trompé dans la numérotation... Enfin, un certain nombre de grès ont été commandés par des marchands de diverses régions françaises, qui ne souhaitaient pas voir apparaître sous leurs produits une référence à la Bretagne. Des contremarques apparaissent ainsi, comme "Lourdes" ou "Rocamadour" récemment constatées sur des Odetta en vente à la galerie.
Certains Odetta portent une marque "G" en creux, manuelle ou imprimée au tampon, sous la pièce. Cette marque n'est pas systématique. Elle se retrouve essentiellement sous les céramiques donc les formes existaient à la fois en grès et en faïence. Les biscuits étant difficiles à discerner, la marque "G" permettait aisément de bien discerner les biscuits de grès.
Où voir des grès Odetta ?
Des la réouverture des musées, vous pourrez retourner au Musée de la Faïence de Quimper et au Musée départemental breton. Pour accéder directement à la recherche par le mot clé "Odetta" dans l'inventaire du Musée breton, cliquez ici. A voir également, les Odetta dans les collections du Musée de Bretagne, à Rennes, en cliquant ici.
Les deux premiers musées présentent, dans le cadre de leurs parcours permanents, des Odetta significatifs.
Où voir des grès Odetta ?
Des la réouverture des musées, vous pourrez retourner au Musée de la Faïence de Quimper et au Musée départemental breton. Pour accéder directement à la recherche par le mot clé "Odetta" dans l'inventaire du Musée breton, cliquez ici. A voir également, les Odetta dans les collections du Musée de Bretagne, à Rennes, en cliquant ici.
Les deux premiers musées présentent, dans le cadre de leurs parcours permanents, des Odetta significatifs.
Pour en savoir plus :
Odetta / Les grès d'art de Quimper - Bernard Verlingue - 160 pages - éd. Palantines / Musée de la Faïence de Quimper - en vente à 10 euros à la galerie et au Musée de la Faïence de Quimper
Odetta - Jacques Glérant, Bernard Jules Verlingue - 74 pages - broché - éd. Amis du Musée de la Faïence de Quimper - épuisé
Mais aussi :
Trois siècles de faïences - article Odetta par Gilbert Le Meur, p. 170-177 - broché - éd. Ouest-France / Ville de Quimper.
Trois siècles de faïences - article Odetta par Gilbert Le Meur, p. 170-177 - broché - éd. Ouest-France / Ville de Quimper.
La céramique artistique de Quimper - Antoine Lucas - 144 pages - relié sous jaquette - éd. Palantines - épuisé
Encyclopédie des céramiques de Quimper - volume III - Philippe Théallet, Bernard Jules Verlingue - 512 pages - relié - éd. de la Reinette.
Une lectrice du blog m'a fait parvenir un cliché d'un modèle que je ne connaissais pas... Manifestement, ce beau décor est une création de Paul Fouillen. Merci à vous pour ce partage !
Contact, renseignements :
06 61 79 40 69 - galerie@theallet.fr
1 commentaire:
Il était indispensable de bien différencier le dégourdi (biscuit) de grès ou de faïence car une cuisson d’une pièce de faïence dans un four de hautes températures pour les émaux de grès entraînait sa fusion avec les dégâts que l’on peut imaginer. D’où le marquage du « g » au façonnage de la pièce pour éviter les confusions malencontreuses.
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