jeudi 3 février 2011

Quelques nouvelles de la manufacture HB-Henriot

Congés obligent, c'est avec près d'un mois de retard que je vous donne aujourd'hui quelques nouvelles de la manufacture quimpéroise HB-Henriot.
Si des bruits de grands changements étaient dans l'air, l'article (Le Télégramme - 10 janvier 2011) n'apporte guère de précisions quant à l'avenir de la faïencerie quimpéroise.
A suivre donc...

Michel Merle, directeur général de HB-Henriot.

HB Henriot. Les bijoux à la rescousse

Il y a sept ans, Paul Janssens, le sauveur de 1983, cédait HB Henriot au Finistérien Pierre Chiron. La société stabilise aujourd’hui son chiffre d’affaires, grâce à sa gamme de bijoux, tout en cherchant un repreneur. Tour d’horizon avec son directeur général, Michel Merle.

Votre diversification vers les bijoux semble, peu à peu, prendre une place importante au côté de votre production plus traditionnelle des arts de la table.
C’est un de nos axes de développement en effet, qui symbolise un Quimper vivant, qui cultive une nouvelle clientèle. Nous avons investi le domaine de la mode il y a cinq ans, mais depuis deux ans, nous sommes véritablement « calés » sur deux collections de bijoux par an, au rythme des salons professionnels en France, aux États-Unis et au Japon. Si vous ne tenez pas ce rythme, c’est fichu. Nous nous préparons actuellement pour le salon « Éclats de mode », qui se tient du 19 au 24 janvier prochains, à Paris.

Qu’y présentez-vous ?
Nous présentons une cinquantaine de modèles pour chaque collection, avec des prix oscillant entre 25 et 70 euros. Jusqu’à présent, c’était surtout des colliers et des bracelets. Nous venons d’introduire les bagues. On fera peut-être un jour de la boucle d’oreille

Quelle part représente les bijoux dans votre chiffre d’affaires ?
Aujourd’hui, la vente de nos bijoux représente 15% de notre chiffre d’affaires. En un an, nous sommes passés de 150 à 300 M d'euros. Notre objectif est d’atteindre 20% de notre chiffre d’affaires en 2011 et de stabiliser ce ratio. Apparemment, le concept plaît, le produit plaît, et la matière permet de grandes possibilités. Mais nous sommes dans la bijouterie fantaisie. On ne se substituera pas à un bijou en argent ou en or.

Quels sont vos circuits de distribution pour vos bijoux ?
Nous sommes présents dans 200 points de vente en France, essentiellement des commerces de détail. Nous préférons une multitude de petits détaillants. Nous sommes aussi dans quelques grands magasins, comme le Printemps à Brest. Dans un deuxième temps, nous allons nous attaquer à l’export.
 
Quel est, aujourd’hui, le chiffre d’affaires de HB Henriot ?
Il est de 2 M d'euros. Il se stabilise. La bijouterie compense la petite érosion des arts de la table, liée au phénomène de crise ambiante. Nous ne sommes pas sur des produits de première nécessité. Les
arts de la table représentent 15% à l’export mais aux USA, avec la crise, nous avons des dizaines de clients qui ont purement disparu. Il nous faut aussi revenir à une part d’exportation de 20%.
 
« C’est une période compliquée à gérer »

Des salariés à poste dans des locaux désormais propriété de la ville, un P-DG, Pierre Chiron, qui souhaite ardemment trouver un repreneur… Un contexte d’incertitude entoure la 320e année d’existence de la faïencerie.

Le nombre de vos salariés a-t-il évolué depuis le plan social de 20 salariés fin 2007 ?
Depuis l’effectif est stable, avec 50 salariés, dont 35 en production. 

Comment se répartissent-ils dans vos bâtiments ?
Actuellement, nous occupons un tiers de notre surface, qui est de 6.000 m² sur trois, voire quatre niveaux. Nos bâtiments sont démesurément grands par rapport à la nature de notre activité. L’objectif est de pouvoir partager l’espace. Nous étions vendeur de l’immobilier. Il y a eu plusieurs projets. Mais la municipalité a voulu avoir la maîtrise d’un foncier stratégique. Elle avait déjà acquis une partie des locaux.

Quel a été le montant de cette vente en septembre 2010 ?
1,8 M d'euros.
 
Vous avez aussi vendu le magasin de Paris ?
Oui, aujourd’hui, il ne reste plus que le magasin de Locmaria. Celui de Pont-Aven qui appartenait à Pierre Chiron a aussi été cédé.

Envisageriez-vous de déménager de Locmaria ?
Demain, avec de nouveaux actionnaires, et de nouveaux projets, on ne peut pas dire avec certitude qu’il n’y aurait pas déménagement ; mais actuellement, nous nous consolidons ici. Le principe d’avoir d’autres activités à se greffer à la nôtre, ça, c’est intéressant. Il y a possibilité de générer quelque chose de dynamique et de complémentaire. Beaucoup d’espaces, comme la cantine ou les vestiaires, pourraient être mutualisés. Il y a aussi possibilité de faire un stationnement. Nous sommes dans une période d’écoute des décisions qui vont être prises.

Pierre Chiron souhaite se retirer et trouver de nouveaux repreneurs pour HB Henriot ?
C’est exact. Il a cette volonté depuis deux ans. Des dossiers avancent bien, mais ce n’est pas ficelé. 

Début 2010, HB Henriot était en passe de changer de mains ?
Une vente a achoppé, du fait du décès d’un acheteur, alors que nous en étions au protocole d’accord. C’était un acheteur français. Pierre Chiron n’a jamais fait de recherches à l’international. C’était début 2010. Nous avions expliqué aux autres investisseurs intéressés que c’était fait. Il a ensuite fallu relancer le processus. Nous sommes revenus à cette étape. Des discussions sont en cours, avec un dossier au moins qui avance. 

Le fait de ne plus être propriétaire de l’immobilier vous pénalise-t-il ou cela facilite-t-il une éventuelle reprise ?
Le fait de ne plus avoir d’immobilier clarifie la situation. La ville a un peu plus de responsabilité pour faire avancer les choses. Il y a un bon esprit. La mairie sera attentive à rénover tout ou partie du bâtiment. Il faut lui préserver son côté attachant. Nous accueillons entre 30.000 et 40.000 visiteurs par an. Nous portons ça à bout de bras. Le tourisme d’entreprise est important pour Quimper, et pour l’attrait de notre entreprise.

Vous êtes actionnaire minoritaire, avec 5% des parts, et directeur général de HB Henriot. Resterez-vous à votre poste ?
Il y a sept ans, Pierre Chiron a redonné un cycle de vie à l’entreprise. Aujourd’hui, il faut du sang neuf, un peu de moyens et un contexte local favorisé par la ville. En fonction des scénarios, je reste ou je pars. C’est une période compliquée à gérer mais je ne suis pas repreneur. Pour cela, il faut de l’argent.

Propos recueillis pour Le Télégramme par Thierry Charpentier

Marc Andro: « Tout est soumis à l’avenir de la faïencerie… »

« Aujourd’hui, on souhaite que Locmaria garde une vocation artisanale et artistique à l’image
de la faïence » indique Marc Andro, vice-président de Quimper- Communauté et adjoint au
maire de Quimper.
Quant à savoir comment pourrait se dessiner le bâtiment d’HB Henriot acheté par la ville fin 2010 pour un montant de 1,8 million d’euros : « Tout est soumis à l’avenir de la
faïencerie, aujourd’hui nous n’avons pas de réflexion précise» indique-t-il. La ville avait déjà acheté une partie des locaux désaffectés d’HB Henriot avec le petit parking attenant. « À Locmaria, nous sommes aussi propriétaire de l’ancienne école, du presbytère, de la maison qui accueillait Agora justice et une autre du CCAS. Nous avons aussi les quatre salles d’exposition du prieuré » rappelle Marc Andro. Que faire donc de ce berceau de la faïence et de ce petit écrin sur les bords de l’Odet ? « Il nous faudra mener un projet urbain sur l’ensemble du quartier, puis un projet économique, puis un projet immobilier et architectural » détaille l’élu, attentif à la situation de la célèbre faïencerie.

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