samedi 5 février 2011

HB-Henriot - suite

Deux articles dans la presse locale du jour :

Dans Le Télégramme :




C'est l'une des plus emblématiques entreprises quimpéroises. Et la plus ancienne avec ses 320 ans d'existence. La faïencerie HB-Henriot, 51salariés, a été placée, hier, en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Quimper.
En trois siècles d'existence, HB-Henriot n'a jamais dérogé à sa technique de production: le peint-main.

Entreprise du patrimoine vivant

Ici, pas de décalcomanies, pas de production industrielle, à la chaîne, mais des peinteuses réalisant à main levée le décor de chaque pièce. Des pièces signées de leurs initiales. Une fidélité à un art de la table donc, qui a aussi pour corollaire d'importants coûts de fabrication et par conséquent de revient face à l'explosion d'une production mondialisée à bas coût. Dans son histoire récente, HB-Henriot a déjà failli disparaître. C'était en 1983. L'entreprise qui employait plus d'une centaine de salariés avait dû son salut à son représentant pour le marché américain, Paul Janssens. Il y a sept ans, ce dernier avait vendu l'entreprise de Locmaria à un repreneur quimperlois, Pierre Chiron. Nouvelles collections, rajeunissement de la gamme diversification dans le domaine des bijoux, la santé de l'entreprise demeurait précaire. En fonction aussi des variations du dollar faisant fluctuer le marché de l'export. Mais le respect du «peint-main» avait permis à la faïencerie des bords de l'Odet d'obtenir le label «entreprise du patrimoine vivant».

En vente depuis deux ans

Fin 2007, un plan social de 20personnes avait réduit les effectifs à 51 salariés dont 35 en production. Ce = n'était plus un mystère, depuis plus de deux ans, HB-Henriot était à vendre. La transaction avait été proche d'aboutir début 2010. À la fin de l'année dernière, la ville, déjà propriétaire d'une petite partie de l'immobilier, avait racheté l'intégralité des locaux mis en vente. Une opération d'1,8M€. 2,4M€ sur la totalité des deux tranches portant sur 4.350 m². Début janvier, Michel Merle, directeur général faisait état d'une «période compliquée à gérer» dans un contexte de stabilisation du chiffre d'affaires à 2M€ (Le Télégramme du 10 janvier). Il avait alors évoqué «la petite érosion des arts de la table liée au phénomène de crise ambiante». Une érosion en partie compensée par les résultats obtenus par la vente des bijoux représentant désormais 15% du chiffre d'affaires.

«Historiquement liée à Quimper...» 
Avec ce placement en redressement judiciaire, (c'est-à-dire en situation de cessation de paiement mais pas en liquidation judiciaire), HB-Henriot se retrouve plus que jamais à la recherche d'un hypothétique repreneur. «J'espère qu'il sera possible de trouver un repreneur. Une ville comme Quimper a envie que l'activité d'HB-Henriot, avec qui elle est historiquement liée, se prolonge et que l'accompagnement social soit le meilleur possible», a commenté, hier, Bernard Poignant, maire de Quimper. Il a évoqué le souhait d'un «rapprochement entre les deux entreprises de faïence de Quimper de manière à en avoir une consolidée», faisant référence à l'autre faïencerie quimpéroise, FAB, la Faïencerie d'art breton. Jusqu'à présent ces tentatives de rapprochement ont toujours échoué. Hier, nous ne sommes pas parvenus à joindre la direction de la faïencerie.

                                            Jacky Hamard

Dans Ouest-France :

Faïencerie HB Henriot : comment éviter la casse ?

Placée en redressement judiciaire, l'entreprise continue à vivre. Quelles sont les solutions pour sauver les emplois et le savoir-faire ?

Les raisons de l'échec
Comment une activité de main-d'œuvre peut-elle survivre aujourd'hui en Europe face à la concurrence de pays à très bas coûts salariaux ? C'est toute la difficulté rencontrée par HB Henriot. Comment le peint-main peut-il rivaliser économiquement contre la production chinoise ou industrielle ? L'équipe actuelle a créé des gammes à forte valeur ajoutée ayant un besoin limité en main-d'œuvre. Comme les bijoux. Mais cela n'a pas suffi. Le nouveau modèle économique doit faire ses preuves.
Un redressement judiciaire
Compte tenu de la situation financière de l'entreprise, Pierre Chiron, le propriétaire, a demandé au tribunal de commerce de prononcer un redressement judiciaire. Les juges quimpérois ont accepté cette solution. Elle permet de geler les dettes de l'entreprise : quelques fournisseurs mais, surtout, l'État à travers les contributions fiscales et sociales. Les dettes bancaires seraient minimes. Désormais, c'est un administrateur judiciaire, Me Sophie Gautier, qui gère l'entreprise. La production continue. Le magasin reste ouvert. Les 51 salariés sont toujours au travail.
Une reprise possible ?
Désormais, l'administrateur judiciaire va lancer un appel à candidatures pour trouver un repreneur. On sait que les mois précédents, plusieurs investisseurs (une trentaine) ont étudié le dossier. Aujourd'hui, il pourrait être 4, 5 ou 6 à s'intéresser à la reprise. Au tribunal ensuite de choisir l'offre qui pourra, au mieux, concilier le maintien de l'emploi et la pérennité de l'entreprise. Une équation qui n'est pas aisée à résoudre.
Que vaut l'entreprise ?
HB Henriot n'est plus propriétaire du bâtiment qui abrite son activité dans le quartier de Locmaria. Pierre Chiron avait mis en vente l'immeuble. Un promoteur privé s'était montré intéressé. Soucieuse de l'aménagement urbain à cet endroit, la ville s'est porté acquéreuse de l'ensemble. Contre un loyer versé par l'entreprise à la collectivité. L'actif matériel se résume donc à un stock, un fonds de commerce et une clientèle. Ce n'est pas négligeable. Surtout, HB Henriot est une marque très connue, même et surtout à l'étranger. Le savoir-faire des salariés, les dernières innovations (bijoux) constituent un réel potentiel pouvant intéresser un investisseur. « Ce n'est pas une coquille vide » résume Michel Merle, le directeur général.
Un sursaut des faïenciers ?
C'est un des rêves de Bernard Poignant, maire, aboutir à la réconciliation des deux faïenceries quimpéroises (lire par ailleurs). HB Henriot et la Faïencerie d'art breton... Il y a trois ans, un rapprochement a failli aboutir. La crise actuelle peut-être relancer la dynamique ? On peine à y croire. C'est tout un secteur qui souffre. Relancer une dynamique, dans ce contexte, est difficile. Aujourd'hui, au-delà du dossier économique, les élus devront se pencher, en urgence, sur les solutions de soutien à la faïencerie. Présence, propositions, perspectives. Comment faire autrement face à un secteur emblématique d'une tradition ? D'autant que les candidats à la reprise seront sensibles à un tel climat.

                                                  Jean-Pierre Le Carrou

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