samedi 26 mars 2011

La Faïencerie d'Art Breton résiste à la crise

Le journal Ouest-France consacre aujourd'hui un portrait à la Faïencerie d'Art Breton, la "petite dernière" de nos faïenceries quimpéroises. Le choix d'une marque parallèle depuis quelques années (Armor faïence), diffusant des produits revêtus d'un chromo à la place du "peint main", semble permettre à l'entreprise de se maintenir. Si les puristes réprouvent, force est de constater que cette stratégie permet de maintenir en parallèle la tradition de la peinture à main levée sur une part des céramiques.

Pierre Henriot - cliché Ouest-France


La création d'une marque meilleur marché l'a sauvée. La Faïencerie d'art breton, l'autre faïencerie quimpéroise, a-t-elle trouvé la bonne recette pour faire face à la crise ?

Alors que la crise touche sévèrement la faïence quimpéroise, mettant HB Henriot en difficulté,  l'exemple de la Faïencerie d'art breton mérite réflexion. Cette petite entreprise (10 salariés, 735 000 € de chiffre d'affaires) réussit à faire face. Pierre Henriot, un des fondateurs de la Fab, s'explique.
Comme l'ensemble du secteur des arts de la table, la faïence quimpéroise rencontre des difficultés. Comment fait la Faïencerie d'art breton pour tenir le cap ?
Il est vrai que l'entreprise réussit à conserver son équilibre depuis quelques années. Mais je me garderais de tout triomphalisme. Pour nous aussi, la situation n'est guère facile. Nous avons dû aussi réduire nos effectifs. Au début, nous comptions 22 salariés... En 2006, nous avons constaté un rétrécissement extrêmement brutal du marché. C'était les premiers effets de la crise financière. À ce moment, nous avons constaté un blocage des achats.
Il a fallu réagir rapidement ?
En septembre 2006, nous avons lancé une étude de terrain pour valider une solution possible. Nous avons envisagé la création d'une seconde marque, meilleur marché car fabriquée selon la technique du chromo. Il ne s'agit pas de motifs peints à la main, mais de transferts assurés selon la technique de la décalcomanie. La décision, à la majorité des actionnaires (3 sur 4) a été prise en juin 2007. La nouvelle marque, Armor faïence, est née en janvier 2008.
Dès lors, tout est devenu facile ?
C'est une erreur de penser cela. Sur ce marché de la faïence chromo (essentiellement le bol à oreilles), il existe un leader bien installé, la faïencerie de Pornic. Pour les revendeurs, il n'est pas évident de changer de fournisseur. Ne serait-ce que pour des questions de stocks. Notre arrivée sur le marché s'est faite en douceur. Souvent à l'ouverture de nouveaux points de vente. Ou dans des magasins assez actifs. Nos produits ont été progressivement acceptés.
Les différences de prix sont importantes ?
Le prix public d'un bol peint à la main (Faïencerie d'art breton) est généralement compris entre 30 et 35 €. Un bol chromo est vendu entre 7,5 et 9 €...
Il a aussi fallu convaincre le personnel d'accepter la polyvalence. Aujourd'hui, les quatre peinteuses peuvent aussi appliquer des motifs chromo ?
La polyvalence s'est faite naturellement comme dans toute petite entreprise. Le personnel a compris qu'il fallait faire face à la réalité du marché. En prenant cette décision, cela le délivrait aussi d'une certaine peur sur le devenir de l'entreprise. Ici, tout le monde est polyvalent. C'est indispensable.
Finalement, la marque Armor faïence a sauvé la Faïencerie d'art breton ?
Absolument. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires se partage entre le peint-main (50 %), le chromo (30 %) et les produits dérivés (serviettes en papier, nappes, tabliers, etc.). Sans cette nouvelle marque, la Fab disparaissait.

                    Propos recueillis par Jean-Pierre Le Carrou

(source Ouest-France 26 mars 2011)

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